« Le Bouffon »

Lorsqu'un "D" se transforme en "P"...

L'initiale « P » enluminée de cette page est une interprétation d'un « D » de la fin du XV° siècle (Milan - Giovan Pietro Birago ?) qui est actuellement la propriété du musée Marmottan à Paris.

Ce feuillet a été réalisé en Avril 2004 sur du parchemin de veau.

Les couleurs utilisées sont des pigments naturels : Indigo, Smalt, Blanc de plomb, Laque de garance, Cinabre, Cochenille, Terre d'ombre brûlée, Lapis lazuli, Malachite, Gaude, Ocre brune, Terre verte, Ocre jaune, Terre de sienne brûlée, Noir de fumée, Noir de vigne.

La dorure de l'initiale et des petites lettrines du texte est à la feuille d'or posée sur gomme ammoniacale. Les grelots du bouffon sont à l'or moulu.

Le temps passé sur l'ornementation: 18 h 30 (sans compter les heures de préparation et de dessin).

La transcription du texte a pris 1 h 30.

Le texte est un extrait du traité d'Alberti « De Pictura » (1435) écrit en latin (livre 2, paragraphe 42).

Il est transcrit en humanistique :

«  Pictori ergo corporis motus notissimi sint oportet, quos quidem multa solertia a natura petendos censeo. Res enim perdifficilis est pro paene infinitis animi motibus corporis quoque motus variare. Tum quis hoc, nisi qui expertus sit, crediderit usque adeo esse difficile, cum velis ridentes vultus effigiare, vitare id ne plorabundi magis quam alacres videantur ? Tum vero et quis poterit sine maximo labore, studio et diligentia vultus exprimere, in quibus et os et mentum et oculi et genae et frons et supercilia in unum ad luctum aut hilaritatem conveniant ? Idcirco diligentissime ex ipsa natura cuncta perscrutanda sunt, semperque promptiora imitanda, eaque potissimum pingenda sunt, quae plus animis quod excogitent relinquant, quam quae oculis intueantur. Sed nos referamus nonnulla quae de motibus partim fabricavimus nostro ingenio, partim ab ipsa natura didicimus. Primum reor oportere ut omnia inter se corpora, ad eam rem de qua agitur, concinnitate quadam moveantur. Tum placet in historia adesse quempiam qui earum quae gerantur rerum spectatores admoneat, aut manu ad visendum advocet, aut quasi id negotium secretum esse velit, vultu ne eo proficiscare truci et torvis... »

 

 Enluminure et calligraphie de S. Constantin

 

Traduction de Jean-Louis Schefer (La litterature artistique - Macula Dedale) :

« Il faut donc que les mouvements du corps soient très bien connus du peinture et il faut, c'est ma conviction, beaucoup d'habileté pour les tirer de la nature. Il est en effet très difficile de parvenir à ce que les mouvements du corps varient en suivant les mouvements de l'âme qui sont presque infinis. Qui donc, en dehors de celui qui en a fait l'expérience, pourra croire à quel point il est difficile, lorsque tu veux peindre des visages en train de rire, d'éviter de leur donner un air éploré plutôt que joyeux ? Et qui donc pourrait sans un travail, une peine et une application très grande, exprimer des visages dans lesquels la bouche et le menton, les yeux et les joues, le front et les sourcils concourent à l'expression de la douleur ou de la gaieté ? C'est pourquoi il faut examiner très attentivement toutes ces choses dans la nature, imiter toujours les plus apparentes et peindre de préférence ce qui en donne plus à imaginer à notre esprit que nos yeux n'en voient. Nous dirons sur ces mouvements certaines choses que nous avons pour partie nous-mêmes inventées et tirées de notre esprit et, pour partie, apprises de la nature. Je pense d'abord que les corps doivent tous se mouvoir en harmonie par rapport à l'action. Ensuite, il est bon que dans une histoire il y ait quelqu'un qui avertisse les spectateurs de ce qui s'y passe ; que de la main il invite à regarder ou bien, comme s'il voulait que cette affaire fût secrète, que par un visage menaçant ou des yeux farouches, il leur interdise d'approcher, ... »

Sylvie Constantin - Avril 2004

 

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