« Ceruis »

Cette page manuscrite et enluminée est une création dans un style Renaissance Italienne (d'après la Bible de Borso d'Este et le manuscrit de Bologne - XVI° s.). Pour le cerf du médaillon, je me suis inspirée du f°1r du manuscrit « l'Ethique de Nicomaque » d'Aristote (vers 1480).

J'ai réalisé ce feuillet en Décembre 2003 sur du parchemin de chèvre.

Les couleurs sont des pigments naturels : Lapis lazuli, Blanc de plomb, Indigo, Ocre jaune, Terre de Bohème, Terre de sienne brûlée, Noir de vigne, Hématite, Terre d'ombre brûlée, Laque de garance, Malachite, Jaune de plomb et d'étain, Gaude.

Le temps passé sur l'ornementation est de 18 h 30 (13h sur le motif du bas de page), la transcription du texte a duré 2 h (sans compter les heures de préparation et de dessin).

Le texte est un extrait de « l'Histoire Naturelle » en latin de Pline l'ancien, livre 8, début de chapitre 50 sur les cerfs. Il est transcris en humanistique :

« Ceruis quoque est sua malignitas, quamquam placidissimo animalium. Urgente ui canum ultro confugiunt ad hominem, et in pariendo semitas minus cauent humanis uestigiis tritas quam secreta ac feris apportuna. Conceptus earum post Arcturi sidus. Octonis mensibus ferunt partus, interim et geminos. A conceptu separant se ; at mares relicti rabie libidinis saeuiunt, fodiunt scrobes. Tunc rostra eorum nigrescunt, donec aliqui abluant imbres. Feminae autem ante partum purgantur herba quadam, quae seselis dicitur, faciliore ita utentes utero ; a partu duas, quae tamnus et seselis appellantur, pastae redeunt ad fetum : illis imbui lactis primos uolunt sucos quacumque de causa. Editos partus exercent cursu et fugam meditari docent, ad praerupta ducunt saltumque demonstrant. Iam mares soluti desiderio libidinis auide petunt pabula ; ubi se praepinguis sensere, latebras quaerunt fatentes incommodum pondus. Et alias semper in fuga adquiescunt stantesque respiciunt, cum propre uentum est rursus fugae praesidia repetentes. Hoc fit intestini dolore tam infirmi, ut ictu leui rumpatur intus. Fugiunt autem latratu canum audito secunda semper aura, ut uestigia cum ipsis abeant. Mulcentur fistula pastorali et cantu, cum erexere aures, acerrimi auditus, cum remisere, surdi. Cetero animal simplex et omnium rerum miraculo stupens in tantum, ut equo aut bucula accedente propius hominem iuxta uenantem non cernant aut, si cernant, arcum ipsum sagittasque mirentur. Maria trameant gregatim nantes porrecto ordine et... »

 

 

Traduction d'Alfred Ernout (Les Belles Lettres - Paris - 2003) :

« Les cerfs, les plus paisibles pourtant des animaux, ont aussi leur malice. Pressés par la meute des chiens, ils se réfugient spontanément auprès de l'homme. Au moment de mettre bas, les biches évitent moins les sentiers frayés par les hommes que les solitudes propices aux bêtes féroces. Elles conçoivent après le lever d'Arcturus. Elles portent pendant huit mois, et ont quelquefois deux petits. Après la conception, elles s'isolent ; les mâles, délaissés, sont en proie aux fureurs du rut ; ils fouillent la terre. C'est alors que leurs museaux noircissent, teinte qui dure jusqu'à ce que les pluies la fassent disparaître. Les femelles, avant de mettre bas, se purgent avec une herbe nommée seselis, qui facilite la délivrance ; après le part, elles broutent deux herbes qu'on appelle tamnus et seselis, et retournent à leurs petits, voulant, pour une raison ou une autre, que le premier lait qu'ils tètent soit imprégné du suc de ces plantes. Elles exercent leurs petits à la course, leur apprennent à fuir, les conduisent dans des lieux abrupts, et leur enseignent à sauter. Les mâles, délivrés des ardeurs du rut, gagnent avidement leurs pâtis ; quand ils se sentent trop gras, ils cherchent des retraites, avouant le poids qui les incommode. Au reste, ils se reposent toujours pendant leur fuite, et s'arrêtent pour regarder derrière eux, reprenant leur course dès qu'on en approche. Cela provient des souffrances de leur intestin, si fragile que le plus léger coup en provoque la rupture. Ils fuient dès qu'ils entendent l'aboiement des chiens, en se tenant toujours sous le vent, de façon que le fumet de leurs traces s'en aille avec eux. Ils se laissent charmer par la flûte des pâtres et leurs chants ; d'ouïe très fine quand ils dressent les oreilles, et sourds, quand ils les rabattent. Au reste, c'est un animal simple et que tout étonne comme un miracle ; au point que, voyant s'approcher un cheval ou une génisse, ils n'aperçoivent pas le chasseur qui est à côté, ou, s'ils l'aperçoivent, ils s'arrêtent pour admirer son arc et ses flèches... »

 

Sylvie Constantin

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